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Message de la Conférence des Évêques Catholiques du Burundi présentant la lettre Encyclique Fratelli tutti que le Pape a écrite aux fidèles catholiques et à tous les hommes de bonne volonté.

Célébrons la solennité de Noël avec la ferme résolution de construire notre pays dans une fraternité universelle

Chers frères et sœurs dans la foi et vous tous bien-aimés de Dieu,

1. Nous vos Pasteurs, nous vous saluons en vous souhaitant la paix du Verbe de Dieu qui s’est fait chair. Nous venons avec joie vous souhaiter une bonne Fête de Noël, et nous le faisons en communion avec notre Saint-Père, le Pape François, qui nous exhorte à témoigner de la fraternité qui nous vient de Dieu en construisant notre société selon le critère de son amour. Dans sa Lettre Encyclique publiée le 04 octobre 2020, le Pape François rappelle avec insistance que les hommes et femmes du monde entier ont besoin aujourd’hui de repenser et de renforcer la fraternité entre eux, afin de régler sur la charité sociale leurs rapports interpersonnels ainsi que les lois et les institutions. Cet enseignement du Pape s’avère en harmonie avec les grâces que l’avènement du Seigneur nous célébrons à Noël.

2. En s’appuyant sur l’enseignement de la parabole du Bon Samaritain, notre Saint Père affirme que le vrai homme est celui qui se donne pour le bien de tous. Il ajoute que l’amour qui le pousse à se sacrifier pour les autres ne s’exprime pas seulement dans les relations interpersonnelles, mais qu’il doit aussi se concrétiser dans les rapports sociaux, économiques et politiques. C’est à base de cela qu’il critique les travers du monde actuel et qu’il indique le chemin vers la fraternité universelle.

3. Partant de ce qu’il observe ici et là, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, le Pape commence sa lettre Encyclique par un relevé de certaines tendances suspectes et même inquiétantes du monde actuel, en critiquant surtout celle qui se cache derrière des idéologies populistes pour servir en réalité des intérêts égoïstes. Il déplore qu’au lieu de s’ouvrir aux autres, les gens s’enferment sur eux-mêmes, en érigeant des murs de toute sorte pour protéger leurs avoirs comme si Dieu n’avait pas destiné les biens de la création à tous les humains. Il en résulte que la personne humaine qui qu’elle soit n’a plus de dignité inaliénable qui devrait être respectée et protégée toujours et partout. Ainsi, s’en trouve méconnue la dignité des personnes pauvres, des personnes handicapées, des fœtus et des personnes les plus âgées. Le Pape passe alors en revue quelques situations qui devraient pousser le monde à un réexamen de conscience : la baisse de la natalité, l’obsession de réduire les coûts du travail, le racisme, les règles économiques qui se sont révélées efficaces pour la croissance mais pas pour le développement humain intégral, les droits humains qui ne sont pas les mêmes pour tout le monde, l’esclavage sous toutes ses formes, les guerres, les violences. Le progrès dans les technologies de l’information n’a malheureusement pas contribué à un essor d’authentiques relations interpersonnelles. On note souvent que les gens tendent plutôt à ne rechercher que ceux qui pensent comme eux pour former des groupes clos. Le Pape conclut sa lecture critique de la situation en déplorant que ce qui aurait dû constituer un progrès a porté plutôt atteinte à la paix intérieure requise pour l’écoute de l’autre et le dialogue avec lui. Il nous fait alors comprendre que cette réalité nous plonge dans l’illusion d’être libres, alors qu’elle nous entraîne dans de nouvelles formes d’esclavage.

4. Malgré cette sombre situation, le Pape confie qu’avec sa lettre, elle voudrait ouvrir des chemins d’espoir. Il apprécie qu’il y ait encore des personnes avec des idées constructives et consolantes, qui élèvent l’esprit vers la vérité, la bonté et la beauté, la justice et l’amour. Le Pape en vient à affirmer la valeur de la parabole du Bon Samaritain (cf. Lc 10, 25-37). Le docteur de la Loi, se rappelant que le plus grand commandement est d’aimer Dieu par-dessus tout et d’aimer le prochain comme soi-même, demanda à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » (Lc 10, 29). Cette question est très importante. Jésus y a répondu en lui racontant cette parabole. Dans cette dernière, les personnes occupant des fonctions importantes dans la société et tous ceux qui devraient se faire proches de l’homme tombé au milieu des brigands, sont passées à côté. Seul l’homme qui était considéré méprisable et impur a témoigné le vrai amour à une personne qui lui était inconnue, en acceptant de réarranger son programme, en prenant soin de lui, en mettant à contribution l’aubergiste pour développer une synergie d’action et en promettant de revenir payer la facture de tous les soins nécessaires pour sa guérison. Jésus nous invite à avoir ce cœur de bonté et de fraternité qui prend soin de n’importe quelle personne.

5. A la suite de Jésus, le Pape François nous invite avec insistance à construire notre société sur l’amour et à être solidaires de la communauté, du pays et du monde entier. Il insiste aussi pour que toute personne soit respectée dans sa dignité, dans sa famille et dans la société. Il affirme que cela doit se concrétiser dans la vie politique et économique, parce que Dieu a destiné les biens créés à tous les êtres humains. Il veut que dans chaque pays soient promus l’esprit d’entraide et la solidarité sans exclure ni le compatriote, ni le migrant ni le refugié.

6. Le Pape poursuit son enseignement en insistant beaucoup sur le fait que la bonne politique est celle qui promeut la fraternité universelle, qui planifie à juste mesure la création des postes de travail, pour que toute personne humaine puisse vivre dignement et faire vivre sa famille avec les revenus de son travail. Il demande ainsi aux hommes politiques de mettre en place une stratégie qui permet aux opérateurs économiques et à ceux qui veulent fonder des entreprises de contribuer à la croissance économique pour tous. Selon le Pape, la vision politique saine doit s’ouvrir à l’intégration des pauvres, sans exclure ou asservir qui que ce soit. Le Pape insiste beaucoup sur la charité politique. Il nous aide à comprendre que même si l’amour s’exprime dans des relations d’intimité et de proximité, quand il est vécu en politique, il aide les hommes politiques à promouvoir le bien commun, la justice et le droit afin que les lois et l’organisation sociale et politique développent l’esprit et la pratique de progresser ensemble pour le bien de tous.

7. Le Pape continue à affirmer que cette pratique demande à toutes les personnes de développer l’esprit de dialogue dans la vérité où chacun a un rôle à jouer et un mot à dire dans l’organisation de son milieu de vie. Le dialogue social large et authentique permet aux gens de mieux atteindre la vérité malgré leur diversité. Il permet à chacun de donner sa contribution selon ses connaissances, son expérience de vie et les leçons qu’il en a tiré afin qu’ensemble avec les autres, ils puissent « parvenir à reconnaître ce qui doit toujours être affirmé et respecté, au-delà du consensus de circonstance ». Cela exige à chacun de s’ouvrir à la vérité véhiculée par les idées des autres, sans avoir peur de renoncer à ses idées ou de les changer en cas de nécessité. De cette manière, les gens parviennent à construire ensemble leur communauté et leur pays en cherchant toujours à tendre ensemble vers la vérité.

8. Dans son message, le Pape exprime que le chemin de la paix a pour fondement la fraternité universelle, la dignité de la personne humaine et l’engagement déterminé. C’est aussi le chemin qui conduit au pardon et à la réconciliation. De plus, le Pape affirme qu’« il est très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible “guerre juste”. Jamais plus la guerre ! » La présence de la guerre est une expression de la défaite de l’esprit d’humanité et de la politique. Le Pape s’exprime aussi contre la peine de mort et la peine à perpétuité, parce qu’elles n’offrent pas au condamné la possibilité de se ressaisir pour recouvrer le sens de la dignité au sein de la famille humaine.

9. Avant de conclure son enseignement, le Pape appelle les croyants de diverses religions à construire ensemble la fraternité universelle qui génère la paix véritable. Conscient qu’il n’est pas facile de mobiliser les religions pour dialoguer et s’accorder sur leur contribution au développement du pays, le Pape affirme que c’est très utile. Des moments où lui-même et ses prédécesseurs se sont successivement rencontrés avec les responsables des autres religions pour converser sur la construction de la fraternité et de la paix, il déduit que le rôle des religions est irremplaçable. Comme Saint François d’Assise a fait beaucoup d’efforts pour aller dialoguer avec le sultan Alik-el-Kamil de l’Egypte au XIIIème siècle pendant un temps difficile, le Pape François part de la joie qu’il a eue en rencontrant le Grand Imam Ahmad Al-Tayyeb à Abou Dhabi en Egypte en date du 04 février 2019, pour affirmer que les religions ont un rôle très important dans la promotion de la paix.

10. Sa Sainteté le Pape François conclut sa lettre en nous confiant à la Bienheureuse Vierge Marie, notre Mère, qui nous conduit à notre Frère Jésus Christ, Fils de Dieu en qui tout a été créé. C’est cette Mère que Jésus nous a confiée sur la croix, pour qu’elle nous guide dans la promotion de la fraternité des enfants de Dieu, dans l’édification d’une terre nouvelle et d’un ciel nouveau, où personne n’est exclus et où règnent la justice et la paix.

11. Chers frères et sœurs dans la foi et vous tous chers bien-aimés de Dieu, à bon entendeur salut ! Cet enseignement du Pape sur la fraternité et l’amitié sociale est très important. Nous venons de vous donner seulement une synthèse de cette Lettre Encyclique pour éveiller en vous la soif de la lire et de la méditer profondément. Pour tirer profit de la lecture que vous en ferez, il est juste de vous demander ce que nous sommes en train de faire ici chez nous pour que cette invitation du Pape à la fraternité universelle qui génère la paix véritable ne tarde pas à devenir une réalité. A titre d’exemples :
-  Nous disons que nous avons donné la première place à Dieu. Est-ce que nos pratiques religieuses nous aident à avoir un cœur ouvert à tous, qui nous rend solidaires de tous sans exclure personne ?
-  Le Pape nous invite à imprégner la politique du ferment de l’amour universel. Où en sommes-nous dans notre pays ?
-  Le Pape critique ceux qui disent d’être au service du peuple alors qu’ils ne cherchent que leurs propres intérêts. Comment pouvons-nous lutter contre cette ignoble pratique ici chez nous ?
-  La culture du dialogue sincère et authentique qui donne à toute personne le droit d’expression et de contribution dans la vie politique de son propre pays, est-elle observée ici dans notre pays ?
-  Le Pape nous invite à nous pardonner mutuellement et à nous réconcilier les uns avec les autres ; et cela fait partie des actes de nos synodes diocésains. Sommes-nous vraiment engagés sur cette voie du pardon et de la réconciliation ?

12. Chers frères et sœurs dans la foi et vous tous chers bien-aimés de Dieu, en ce qui nous concerne, nous, en tant que vos Évêques, nous vous promettons que chacun s’efforcera de concilier cet enseignement du Pape avec le programme pastoral de son diocèse, pour que la fraternité universelle et la paix s’enracinent davantage dans nos diocèses et dans notre pays. Nous terminons notre message, en vous souhaitant encore une fois un Joyeux Noël et une Heureuse année 2021. Que cette dernière soit pour nous tous une année de renforcement de la fraternité universelle, de réconciliation et de paix que nous a apportée le Verbe fait chair. Que Dieu Tout-Puissant vous bénisse, le Père et le Fils et le Saint Esprit.

Fait à Bujumbura, le 15 décembre 2020

Les Évêques, membres de la Conférence des Évêques Catholiques du Burundi

Ce message est lu pendant les Messes et les célébrations de la Parole de Dieu en la Solennité de Noël à la place de l’homélie

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